Au fil de la Seine, de Paris à Mantes
Dans le cadre du Mois de la Photo du Grand Paris, l’exposition Au fil de la Seine, de Paris à Mantes met en vis-à-vis une vingtaine d’images des années 50 de Henri Cartier-Bresson et une commande du musée de l’Hôtel-Dieu de Mantes-la-Jolie passée à Ambroise Tézenas. Extrait du texte écrit par Gabriel Bauret, le commissaire de l’exposition, paru dans le catalogue publié à l’occasion de l’exposition.
Deux séquences photographiques sont aujourd’hui mises en regard dans cette exposition et dans l’ouvrage qui paraît à cette occasion. Elles se développent autour d’une même thématique, celle de la Seine, mais incarnent deux visions et deux époques très différentes. D’une part, un travail spécialement mené par Ambroise Tézenas pour le musée de l’Hôtel-Dieu de Mantes-la-Jolie : il a construit sur plusieurs mois une image du paysage tel qu’il s’est offert à lui au gré de ses déplacements. Et d’autre part, faisant écho à ce projet, un hommage rendu à Henri Cartier-Bresson, l’une des imposantes figures de la photographie française qui, dans les années 1950, a arpenté les bords de Seine depuis sa source jusqu’au port du Havre. […]
Entre les années 1950 et aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les paysages de la Seine et la société qui ont changé, c’est également la photographie. Pour cette raison, il était tentant de rapprocher ces deux œuvres afin de pointer leurs différences. Il est évident que l’on ne pourrait plus photographier maintenant des gens dans la rue avec la liberté dont disposait Henri Cartier-Bresson. En ce sens, sa pratique appartient à une histoire et c’est ce qui lui confère d’autant plus de valeur et d’intérêt. De son côté, Ambroise Tézenas incarne une conception contemporaine de la photographie par le recours à la couleur, un certain format et le rythme de prises de vue […] ; mais aussi une attention particulière portée au sujet : il se dégage de ses images une harmonie silencieuse et nombre d’entre elles sont comme autant de moments de paix. Sa photographie opère donc sur un tout autre registre et se démarque de l’écriture d’un Henri Cartier-Bresson. Reste cependant, outre le motif de la Seine, un point commun relatif à la biographie : Henri Cartier-Bresson dans les années 1950 et Ambroise Tézenas aujourd’hui sont à un moment de leur parcours où ils jouissent de la maîtrise du langage de la photographie et de l’usage qu’ils désirent en faire.
Gabriel Bauret
Publié par points de vues (2017)
112 pages, 65 photographies
245mm x 195mm
ISBN 978-2-37195-016-0